Me poser la question ne me fait pas plaisir, croyez-moi. Je suis chauvin comme c’est pas permis et j’adore rabattre le caquet des étrangers de tout poil en dressant la liste de la tripotée de machins qui sont mieux chez nous qu’ailleurs : le fromage, le pinard, le parfum, le TGV et le papier-toilette triple épaisseur disponible en dix-huit couleurs.
Mais bon, je me la pose tout de même parce que je suis courageux et que j’affronte l’adversité avec fortitude, comme le dernier légionnaire encore debout à Cameron : l’agriculture française est-elle naze ?
Oui, je sais, les agriculteurs de notre douce Gaule se lèvent tôt, se couchent tard, travaillent comme des brutes, ne prennent jamais de vacances et roulent en Dacia Sandero. Leur vie est super dure, entre le gel l’hiver, la sécheresse l’été et le changement d’heure qui stresse les laitières deux fois par an. Pour ne rien dire des zadistes qui viennent camper dans leurs parcelles pour les empêcher de creuser des trous pour y mettre de l’eau.
Mais tout de même, dans le temps, les choses étaient claires et les vaches bien gardées : les Allemands étaient les meilleurs en Mercedes et nous en pommes de terre. Labourage et pâturages étaient nos mamelles, la terre ne mentait pas, bla bla bla. Et voici que tout est changé, que les Teutons continuent d’être forts en grosses bagnoles, mais qu’ils nous taillent aussi des croupières en saucisson à l’ail et en cuisses de poulets. Même les Hollandais nous font rougir comme des tomates et les Espagnols ramènent leurs fraises.
Premier domaine agricole d’Europe, deuxième de la planète, nous produisons moins et moins bien que des pays trois fois plus petits. Premiers bénéficiaires de la manne de la PAC, nos paysans tirent pourtant la langue au SMIC dans leurs bicoques avec murs sans enduit et toitures en tôle ondulée pendant que leurs homologues british jouent les gentlemen-farmers en veste en tweed et en Range Rover dans leur mansions victoriennes avec piscine et courts de tennis.
Si encore c’était pour la bonne cause, parce qu’ils étaient vertueux et ne produisaient que du bel et bio… Mais non, point du tout, le minuscule Danemark exporte trois fois plus de bouffe “organique” que nous et nous consommons presque autant de pesticides et d’engrais trafiqués que les vilains Américains !
Manquent-ils de relais politiques, de compassion dans les travées des palais nationaux, nos rudes laboureurs ? On peut en douter, à les voir crouler sous les subventions exceptionnelles à chaque fois qu’ils fichent un bordel à faire pâlir d’envie les cailleras les plus dynamiques du 9-3, construisant des montagnes de fumier devant une préfecture ici, là…
Bon, mais je ne vais pas y répondre, à la question. Je vous laisse le faire en commentaires outragés comme d’hab.
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